Viens dans ma pompe (Croa)Ysengrine
Histoire de la tauromachie


( Ancien titre : " La véritable Histoire de la corrida. ")

à propos de cette page : Une  première édition  est sortie  sur le  site de défense animaleChien-Ange
"Aidons-les" que je vous vous aurais recommandé l'année dernière !

Merci Nathalie !

(Pour aller voir ce site il fallait cliquer sur le petit chien,
le site est mort et le petit chien est au paradis !)


    SOMMAIRE :
    - Introduction, origine
    - Les courses indigènes
    - Renaissance des courses de taureaux
    - Le XXe siècle
    - Conclusion et perspectives.
Dont illustrations et documents :
- Bulle papale
- Lettres patentes et affiche Royale
- Registre municipal (Bx)
- Corrida de 1941


Officiellement, la corrida serait due à un génie espagnol...

 Quoiqu'on ne sache pas trop où et quand ce génie s'est révélé !   En réalité, pour aussi vague qu'elle soit cette vérité est déjà un gros mensonge ! La corrida n'est qu'une course de taureaux avec mise à mort, chose connue depuis la nuit des temps et affirmer que les Espagnols l'ont inventée est aussi abusif que le serait le fait de dire qu'Henry Ford a inventé l'automobile. Les Espagnols ont eu, certes, des idées géniales, comme celle de faire payer ce spectacle et surtout d'avoir su créer unLe génie a su tout de même su transformer le sang en or style qui marche, commercialement parlant, mais cette coutume ne leur était pas spécifique.

"Origine" des courses de taureaux

           La course de taureau n'a donc été inventée (lire remarque) ni par un génie, ni par un créateur agité ! En fait toute l'Histoire semble démontrer que les jeux avec les animaux existent avec les élevages, ce depuis la nuit des temps. Le fait que ces jeux soient plus ou moins violents et plus ou moins codifiés dépendent de l'environnement culturel, ce qui leur donne donc quant même une structure et une Histoire. En ce qui concerne la tauromachie nous constatons que toute son Histoire est liée à celle de l'élevage extensif des bovins. On trouve les premières courses de taureaux organisées suivant un certain rituel à l'époque de la Rome impériale il y a donc environ 2000 ans. Elles faisaient en effet partie des jeux du cirque qui comprenaient plusieurs genres. On les trouvait plus exactement parmi les "venationes", autrement dit "les chasses".

Très spécifiques à la culture romaine ces présentations-("présentations", pas "représentations" car la souffrance et la mort n'y étaient jamais simulés !) de violences extrêmes n'étaient ni du cirque, ni du théâtre et encore moins du sport. Elles étaient gratuites ou plutôt financées par l'Empereur car en fait cela coûtait fort cher. Des entrepreneurs privés tel Gracchus (sous Tibère pour le Colisée) se chargeaient de presque tout, la corporation faisant appel à toutes sortes de sous-traitants, les écoles de gladiateurs par exemple. Des différents genres de jeux romains le nec plus ultra était l'hoplomachie, c'est à dire les combats de gladiateur...  D'autres comme la naumachie, c'est à dire les combats navals, nous étonneraient encore par la technicité de la mise en scène. La "venatio", c'est à dire les chasses avaient des amateurs. Cette catégorie de jeux où l'on trouve les courses de taureaux concerne aussi les combats d'animaux entre eux. C'est ainsi que des bêtes préalablement affamées s'y entre-dévoraient suivant les scénarios les plus pervers. Les chasseurs tueurs de taureaux ou "taurocentaes" préfigurent leurs descendants que sont les toréadors. Le leurre, qui ne s'appelait pas encore muleta, était déjà inventé. Souvent accompagnés d'une meute de chiens écossais, toujours armés de tisons enflammés et d'épieux, d'arcs, de lances et de poignards, ils ne couraient pas beaucoup plus de risques que les actuels toreros. Les taureaux d'origine espagnole étaient déjà réputés à cette époque. Les chasses constituaient généralement les jeux du matin alors que la fin de la journée était réservée à l'hoplomachie, spectacle élitiste par excellence. Toutefois les plus lamentables de ces exhibitions restent les "muneras" ordinaires où avaient été imaginées des mises en scène qui contraignaient les condamnés de droit commun à s'entre-tuer en public, entre autres turpitudes présentées autour de midi alors que les arènes étaient à moitié vides. Ces pratiques nous révolteraient aujourd'hui. Pourtant les chroniqueurs contestataires étaient très peu nombreux à l'époque : Citons tout de même Sénèque qui a osé critiquer les "muneras". Comme aujourd'hui avec la tauromachie, les jeux romains et plus particulièrement l'hoplomachie bénéficiaient d'une apologie obséquieuse. Les écrits de Martial sont les plus représentatifs mais cette tendance était générale.

Comme pour la corrida, les jeux commençaient par un défilé d'introduction. C'était la "pompa". Contrairement à ce à quoi nous pourrions nous attendre, les combats étaient rarement équilibrés et c'était d'ailleurs un des intérêts du spectacle que d'espérer une surprise... ;. Quoique ce soit encore plus vrai aujourd'hui avec la corrida !  Que les combats soient truqués faisait souvent partie du scénario... Même remarque!   Ce déséquilibre était en rapport avec l'importance des protagonistes, ce qui est conforme à la culture romaine de mépris des faibles et d'admiration des forts. Fait souligné par certains historiens, il est tout à fait vrai que des citoyens libres se soient enrôlés pour être gladiateurs (!) afin d'y chercher une gloire risquée. Mais il est tout aussi vrai que la plupart des combattants étaient des esclaves qui n'avaient jamais souhaité cela et on imagine bien les chances de chacun... Comme aujourd'hui les chances du taureau !  On a même vu des Empereurs descendre dans l'arène et on peut concevoir que certaines précautions aient été prises... Remarque encore valable pour tous les toreros de notre époque !  Chaque veille de fête un banquet public étaient offert aux combattants du lendemain. Quelques compagnons fatalistes profitaient du moment en mangeant gloutonnement.  D'autres prenaient soin de leur corps et ménageaient leurs capacitées en mangeant juste assez.  Il y avait aussi des malheureux sans appétit paralysés par la crainte qui faisaient mauvaise impression (D'après les chroniques de l'époque où nous devions comprendre que ces minables méritaient bien de mourir !).

Les jeux du cirque connurent leur apogée  au premier siècle de notre ère. C'est ainsi que l'amphithéâtre Flavien (vrai nom du Colisée) a été construit par Vespasien après la guerre de Judée en 72.  La célébration de l'inauguration (en 80 mais il n'était pas terminé!) dura 102 jours où furent montrés grande quantité de spectacles comprenant la mise à mort de plus de 5 000 bêtes et de plusieurs centaines d'hommes. Au IIe  et IIIe siècles, il n'était plus possible à l'Empire économiquement déclinant de maintenir le même train de vie et les jeux périclitèrent après s'être répandus dans tout le territoire, c'est à dire dans tout le bassin méditerranéen et l'Europe occidentale. De plus le christianisme se développait et de nouvelles valeurs culturelles se mirent en place. Suite à quoi l'Empereur Constantin abolit l'hoplomachie et autres muneras (en 325).  Des pratiques subsistères localement mais les amateurs de jeux durent se contenter alors des chasses. Celles-ci subsistèrent à Rome jusqu'en 523 c'est à dire tant qu'il fût encore possible de se procurer des animaux.


Lorsque l'Empire fut défait, les jeux disparurent de la plupart des anciennes provinces. Ils prirent un caractère indigène là où ils ont subsisté. Cela, en cohérence avec les systémes économiques nodaux remplaçant celui, centralisé, de l'Empire Romain. En pratique cela signifie que seules les courses de taureaux avaient pu survivre et ce, seulement là où se trouvaient les élevages. Pour être rares les combats de fauves ont tout de même longtemps encore existé ; Est notamment relaté un spectacle en 1904 aux arènes de Saint-Sébastien, ces combats étant donnés comme étant les tout derniers ayant jamais été présentés.

Un phénomène important structure la fin de l'Empire Romain centralisé, c'est l'avènement des très grands domaines fonciers appelés latifundia Ces domaines disposaient d'une certaine autonomie pouvant aller jusqu'à l'autarcie. Il fallait parfois chevaucher plusieurs jours pour en faire le tour. Le propriétaire d'un latifundium était toujours un personnage important, respecté et influent. Les latifundia espagnoles ont traversé les siècles et les régimes (Maures, catholiques... ; ) sans être affectés. Comme à l'origine des jeux, seules certaines fêtes justifiaient des exhibitions taurines et ce, à condition d'avoir le soutien des édiles locaux, lesquels étaient aussi généralement patrons de latifundia. En fait c'était eux qui se l'offraient et c'est à ce moment que la tradition s'implanta dans les régions d'élevage, notamment en Espagne, en Aquitaine et probablement ailleurs. Dans les latifundia espagnoles la seule activité possible (encore aujourd'hui !) est l'élevage extensif de bovins semi-sauvages. Quant à l'Aquitaine, n'oublions pas qu'elle avait autrefois un aspect très différent de ce qu'elle est aujourd'hui. Les Landes étaient de vraies landes et non pas la forêt de pins que l'on connaît. Il y avait certes des moutons mais aussi des élevages bovins. La pratique taurine avec des moyens de fortune et sous le mépris des religions n'offrait cependant aucune notoriété à ces traditions pour lesquelles plus aucune trace des Vie au Xie siècles n'ont subsisté jusqu'à nos jours. 


     C'est ce "trou" du haut Moyen-Age qui autorise les historiens aficionados à affirmer que les courses de taureaux ne peuvent être antérieures au XIe siècle et n'auraient donc aucune parenté antique. Or l'absence de traces connues ne prouve rien. Il se peut qu'elles n'en aient pas laissées ou qu'elles aient été effacées. Il y a tout de même présomption car les similitudes entre les courses antiques et les courses modernes  ("corridas") sont vraiment trop évidentes ! Autrement dit c'est le contraire qui reste à prouver !


Les courses indigènes

Les historiens, même aficionados, reconnaissent l'existence de violents jeux taurins du milieu du moyen age à aujourd'hui. Il est vrai que des polémiques les ont révélés dont la pièce la plus connue est la bulle papale du 1er novembre 1567 (Pour Voir ce document  cliquez sur l'image à droite)Image couverture document

Le Cid Campeador en Rejon (Goya)

  Le Cid Campeador

par Goya

Bémol: Ce document n'est pas un témoignage. Il se peut même
que le Cid n'ai jamais toréé. Le fait reste vraisemblable, donc
possible, car cette pratique avait cours au temps du Cid.


Pour les aficionados les premières exhibitions taurines dateraient du XIe siècle et auraient été données à l'occasion de l'avènement d'un Roi "Abu El Hassan". Des courses à Saint-Sever (Fr-Landes), Bazas, Aire sur Adour, etc… et même à Bordeaux datent du Moyen-Age.

Le clergé catholique espagnol faisait mieux que soutenir les traditions taurines, il les récupérait ! Les monarques espagnols semblaient aussi apprécier ces pratiques. C'est ainsi que l'Empereur Charles-Quint, 1500-1558 fut, paraît-il, si heureux de la naissance de son premier enfant qu'il descendit dans l'arène de Valladolid pour y combattre et tuer un taureau sauvage. Les corridas sous Charles II étaient déjà un vrai phénomène de société. Mais Philippe d'Anjou interdit aux seigneurs d'y participer, d'autant que les corridas de l'époque étaient bien plus dangereuses (pour les hommes !) que celles d'aujourd'hui. Elles restaient cependant bonnes pour le peuple et de cette époque date la corrida dite formelle à pied.

Parallèlement les Espagnols exportèrent le système foncier des latifundia en Amérique. La tradition taurine était parfois offerte en prime, notamment au Mexique et en Colombie.

Le clergé français n'avait pas du tout la même vision des courses de taureaux que son homologue espagnol ; Il est vrai qu'il n'y avait pas de latifundia en France et pas non plus de tradition tauromachique aristocratiques ! (Ces critères sont liés.)  

Bien conseillés, notamment par l'action efficace de l'Evêque de Bazas Jean Jaubert de Barault, les Rois de France combattirent les courses de taureaux. Par ordonnance royale du 13 décembre 1620, Louis XIII interdit les courses de taureaux à Bazas(Gironde). Interdiction qui fut ensuite étendue aux courses de toute l'Aquitaine par Louis XIV.

(Pour passer les encadrés ci-dessous sans les lire cliquez ici)

-         Lettre patente de 1648 du
Roi Louis XIV -

... faisant suite à un incident survenu à Aire/Adour où des taureaux pénétrèrent dans l'église au moment de l'élévation !


                    (Note: Cette recopie est fidèle. À cette époque les règles de l'ortographe n'étaient apparemment pas encore figées)


"Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre,  à tous présens et à venir, salue. Notre amé et féal  conseils le sieur de Pontac, notre procureur général au  Parlement de Bordeaux, nous a faict remontrer que,  quelques seings que le sieur (Evéqué) d'Aire et ses  prédécesseurs aient apporté pour hoster du diocèze dudit  Aire la coustume et agitation des taureaux, laquelle se  faict ordinairement dans quelques villes et bourgs dudict  diocèze et entre autre dans celles de Saint-Sever, Mont-de- Marsan, Monteaut, Hagemauc, Grenade, Cazèrez, Castandet  et autres, le jour de la feste du patron du lieu ou autres jours  prochains   d'icelle ; et quoyque notre dit Parlement de  Bordeaux ayt de sa part contribué de son autorité par plusieurs  arrest qu'il a rendu à l'abolition de ladicte coustume  pernicieuse, il a toutefois esté impossible de la supprimer,  mais au contraire, il semble que quelques uns du peuple,  confirmés dans leur irréligion et endurcis dans leur obstination  ayent faict revivre ladicte course en plusieurs des dictes villes  et bourgs où elle avoit resté délaissée et en d'autres ils ont  faict courrir plus grand nombre de taureaux qu'il n'en  couroient avant les dictes déffences ; pour fournir aux frais  desquelles courses, les officiers qui sont annuellement  nommés pour la compagnie qu'ils appellent de la course du  taureau sommes considérables du pauvre peuple, lequel se  trouve après dans l'impuissance de payer nos deniers ; et mesme l'impiété de quelques ungs desdicts officiers a  estéjusques au poinct de faire lascher les taureaux pendant les  messes célébrées pontificalement par ledict sieur Evêque et  pendant ses prédications, en sorte que les taureaux eschaufés  par les agitations ont quelquefois entré dans les églises et esté  jusques aux autels   : le service divin en a esté souvent  interrompu et le peuple qui y assistait et mes ledict sieur  Evesque et son clergé expozés au danger de leurs vies, de  sorte que sous prétexte de donner quelques spectacle au  divertissement du peuple, les officiers de ladicte course virent  les choses les plus saînctes viollent la solemnité de leurs  testes, exposent plusieurs personnes en particulier les simples  paisans qui picquent les dicts taureaux à des mutilations de  membres et à la mort et donnent occasion à des assemblées  qui sont souvent suyvies d'émotions populaires, de meurtres,  d'assassinats, mais qui ne passent jamais sans plusieurs  blasphèmes, congruries et plusieurs autres crimes énormes,  etc... etc...."
Affiche Royale


Cela n'empêcha pas les mécènes de continuer un temps à offrir des réjouissances taurines à l'occasion de diverses fêtes mais nous pouvons considérer que les courses de taureaux avec mise à mort étaient abolies en France à la fin du XVIIIe siècle. Après 1789 et la Révolution Française le vice n'était toutefois pas encore complètement mort comme en atteste ci-dessous le registre des délibérations du conseil municipal de la ville de Bordeaux:

Vue du registre municilal de Bordeaux

Vous  pouvez voir évoqué dans ces pages la "Tentative Blondin"

       (1791)

Renaissance des courses de taureaux

Malheureusement, sous l'influence de Joseph BONAPARTE, roi d'Espagne en 1808, une tolérance s'installait à propos d'exhibitions à la mode espagnole. Pire, le 1er août 1853 fut donné à Bayonne, officiellement et devant Napoléon III,  la première corrida à l'espagnole. Les courses de taureaux avaient en effet continué à prospérer en Espagne où elles s'étaient même développés et avaient prit une forme proche de celle que nous connaissons aujourd'hui avec ce que nous nommons "la Corrida".  Cet événement consacrait le retour des courses de taureaux en France, lesquelles se sont ensuite étendues dans tout le Midi et pas seulement en Aquitaine. Tant qu'à faire la corrida s'installa aussi en Algérie française ! Tout ça à cause d'Eugénie de Montijo, afficionada notoire et épouse de l'Empereur. Comme en Espagne ces spectacles bénéficient désormais des appuis politiques et mondains de l'époque bien que nous n'ayons pas d'élevages aristocratiques réputés.

  C'est ainsi que la mode prit, avec dans le premier wagon, les courtisans, les journalistes et des snobs... Ce soutien politique ostentatoire se maintiendra jusqu'à 1870, ce qui a largement suffit à l'installation d'un solide aficion parfaitement conditionné et encore présent de nos jours.

 Pourtant la première loi française de défense animale était sortie ! Il s'agit même de la fameuse loi "Grammont", du 2 Juillet 1850, soutenue lors de sa présentation à la chambre des députés avec ardeur par de notoires humanistes dont, en personne, Victor Hugo( «Torturer un taureau pour le plaisir, c'est plus que torturer un animal, c'est torturer une conscience.») ainsi que l'anti-esclavagisme Victor Schoelder. Notons aussi, qu'à cette époque où la presse était notablement diversifiée cette nouvelle mode a été très critiquée dans les journaux (le consensus est une caractéristique de notre époque.) La loi relative à la protection des animaux domestiques, aurait dû empêcher le retour des courses de taureaux en France.   En réalité la nouvelle loi a été tout de suite défiée. Napoléon "le petit" faisait ce qu'il voulait d'autant que ses opposants non emprisonnés étaient en exil, ce qui était notamment le cas de Victor Hugo. La corrida de 1853 suivie par d'autres, la loi a fini par être appliquée... Sous forme d'amendes facilement couvertes par les profits réalisés ! Quelques toreros ont bien été inquiétés mais rien de bien méchant...  Jusqu'à ce que "l'exception locale ininterrompue" fut officiellement reconnue par la loi française de 1951.

            Au sud des Pyrénées la corrida se vit de plus en plus réglementée. C'est ainsi qu'à partir de 1928 un caparaçon fut imposé pour protéger le cheval du picador. Il faut dire que l'un des plus sordides aspects de la corrida réside dans ce que subissait à chaque course ces pauvres chevaux qui devaient parfois travailler en se marchant sur les tripes. Grâce au caparaçon les chevaux ne se font plus systématiquement éventrer... C'est juste un incident courant. Comme la corrida perdait de son intensité dramatique (SIC) nous avons pu vivre en France une époque où des aficionados espagnols venaient aux corridas en France, par exemple à Dax, ville rebelle aux interdictions espagnoles dans un esprit purement vénal qui lui a bien réussi!




Les corridas à l'heure de l'Europe et de la mondialisation.

    Le XXe siècle a été en or (Remarque) pour les aficionados, pour le mundillo et surtout pour les toreros vedettes de la tauromachie . Ceux qui veulent en connaître tous les détails peuvent aisément les trouver dans l'abondante littérature taurine car pour notre part cette Histoire nous navrerait plutôt et nous nous intéresserons plutôt aux coulisses de la tauromachie.

Quelques faits important méritent d'être mis en lumière:

-         En Espagne,  l'implication du grand mundillo et notamment des éleveurs du Sud dans la rébellion franquiste : Ce fut une des causes de la guerre. La jeune République espagnole voulait mettre en oeuvre une réforme foncière qui attentait notablement aux privilèges des latifundistes. L'analyse sociale et culturelle des causes d'injustices faite par certains intellectuels espagnols justifiait la fin de la tauromachie. C'était, de plus, pour les intellectuels progressistes espagnols un symbole de décadence. Le mundillo a bien essayé d'adapter sa marchandise et les quelques réussites sociales tels ces toreros issus du peuple furent adroitement montés en épingle. Ce leurre social a en fait moins trompé les Espagnols que l'élite médiatique Française, laquelle en est encore là aujourd'hui, hélas! (C'est pour cela que le clivage droite-gauche n'existe pas en France à propos de la corrida, laquelle reste donc un des dernier débats authentique pour lesquels les engagements sont encore personnels, qu'ils soient honnêtes ou intéressés d'ailleurs... C'est très différent en Espagne!) 

. Les corridas ont enfin été abolies par le décret du 10 juillet 1937 de la République.
Mais la première chose faite par les rebelles après une victoire essentiellement due aux soutiens nazis fût d'offrir au peuple madrilène "La corrida de la Victoire"... C'était le 24 mai 1939. Notez ici le nom d'un des toreros inscrits à cette corrida, Marcial LALANDA, dont la devise « Arriba España » illustrait les muletas ainsi que celles de ORTEGA et de BIENVENIDA:  Ce LALANDA était connu pour s'être illustré aux arènes de Nîmes, Mont de Marsan et Bayonne(voir ci-dessous la suite) pendant que la guerre civile faisait rage en son pays. En passant, cela en dit long des municipalités taurines française et surtout de l'engagement correspondant dans le Mundillo avec ses idéologies de facade et ses avantages en coulisse.
Par ailleurs, la guerre terminée, Monsieur FRANCO accorda aux matadors de remarquables avantages fiscaux. 

. La guerre civile terminée, il devint dangereux de se poser des questions dans la péninsule ibérique. La tauromachie, incontestée comme tout le reste, participa activement à la lobotomisation des esprits. L'Espagne trop meurtrie pour pouvoir s'impliquer dans le second conflit mondial va être l'objet d'intrigues internationales sous une neutralité de facade. L'image ci-dessous illustre parfaitement l'ambiance de 1941. La France avait ses "collabos" mais ne pouvait rien offrir sans prestation étrangère et les bonnes affaires font les bons amis même en temps difficiles... Quoique, pas pour tout le monde ! - Mundillo se traduit en Français par "petit monde" -.
Image d'une corrida offerte aux troupes d'occupation.

CORRIDA OFFERTE AUX TROUPES D'OCCUPATION
(Bayonne - 18 mai 1941)

-     La paix revenue fut marquée côté français par plus de trente années de chute en désuétude de la tauromachie avec la fermeture notable des arènes de Bordeaux-Le Bouscat, de Toulouse et de Vichy. Toutefois, un fort noyau aficionado organisé en divers clubs attendait son heure. Ce, d'autant qu'un fort soutien des médias régionaux ne les avaient jamais laché. Notons aussi qu'à cette époque des vacances pas chères en Espagne, les touristes de toute l'Europe font vivre les arènes espagnoles. Rares sont ceux qui apprécièrent le spectacle !

-     L'abolition des corridas en Algérie fut un cadeau de son indépendance.

-     Retour à la mode et redéveloppement des corridas à partir de 1987 avec l'implantation d'une tradition taurine à Floirac (Près de Bordeaux) grâce à la complicité et la concussion des édiles locaux sous la sollicitation du mundillo espagnol (Entreprise Chopera) soucieux d'installer une tête de pont commerciale en France. L'Espagne, gagnée par une démocratie à la Française (trompeuse) entre dans l'Europe : il se trouve qu'elle n'a pas que des oranges à vendre!  Toute la presse, même nationale, et tout l'audiovisuel français sont prit de tauromania. Le barreau français, largement noyauté par l'idéologie taurine refuse d'appliquer la loi française, ces gens n'étant jamais à cours des plus fallacieux arguments, notament en ce qui concerne leurs conceptions de "la tradition locale ininterrompue". à l'aube de l'an 2000 les corridas s'étaient implantées à La Brède, à Fenouillet, à Carcassonne et dans quelques autres villes françaises... Cette période est marquée de rivalités commerciales et de pratiques mafieuses. Entre les mundillos français(Entreprises Lartigues, Casas... ), espagnols et américains, notamment colombiens, c'est pire que "Dallas" !  C'est ainsi que le vedettariat des toreros, poulains des uns ou des autres ne doit rien au hasard. Nous pourrions en rire si le résultat n'en était pas le calvaire subit par de plus en plus de bêtes innocentes et la honte pour l'espèce dominante, c'est à dire les hommes et les femmes que nous sommes.

Maintenant, devons-nous continuer à accepter le développement de ces pratiques barbares ?  L'espoir viendra peut-être de l'Espagne redevenue finalement plus démocratique que nous (!), les intellectuels espagnols prenant au mot cette promesse de démocratie. Or, ces gens savent ce qu'est la corrida. La contestation s'installe.... Là bas, les aficionados sont de moins en moins nombreux. 
  
à l'occasion d'un "Forum des Culture" le miracle(vu de France) s'est produit : La capitale catalane et deuxième cité de la Péninsule Ibérique - Barcelone - s'est déclarée anti-taurine ! D'autres villes espagnoles sont en train de suivre... (Surtout catalanes il est vrai.)

En France un miracle du même genre peut-il se produire? La Députée Muriel Marland-Militello tente de déposer une proposition de loi implicant l'abolition de la tauromachie : Nous lui souhaitons bonne chance !  Il lui en faudra beaucoup, hélas, car les "élites" des médias et de la politique ne sont majoritairement pas de son coté !  
L'espoir est à mon avis à chercher un tout petit peu plus loin et plus globalement : Nous vivons une drôle d'époque où l'imposture est mode de gouvernement. Concilier démocratie et mensonges est plus adroit qu'imposer une dictature, mais ça ne dure pas plus longtemps.  Attendons...   La chute des "élites" sera aussi celle de la tauromachie !

Croa scrute l'horizon


Croa

Ysengrine 

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- Edition de Juillet 2004 -



ANNEXES internes et notes (Vous avez peut-être déja lu les encadrés ci dessous accessibles aussi par liens)

BULLE  "De Salute Grégis"
du 1er novembre 1567

Soucieux du salut des brebis du Seigneur confiées à Notre garde par un dessein de la providence, et poussé par les obligations de Notre charge pastorale, Nous déployons de constants efforts pour préserver tous les fidèles de ce troupeau des maux imminents qui menacent les corps aussi bien que les âmes.
 1- Assurément, la coutume détestable du duel introduite par le démon, en vue d'entraîner en même temps que la mort sanglante des corps la perte des âmes, a été condamnée en vertu d'un décret du Concile de Trente; cependant, en de nombreuses villes et autres lieux, on ne cesse d'organiser des spectacles privés ou publics consistant en courses de taureaux ou d'autres animaux sauvages, destinés à faire exhibition de force et d'audace, courses qui occasionnent fréquemment des accidents mortels, des mutilations et sont un danger pour les âmes.

2- Pour Nous, donc, considérant que ces spectacles où taureaux et bêtes sauvages sont poursuivis au cirque ou sur la place publique sont contraires à la piété et à la charité chrétienne, et désireux d'abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes et d'assurer avec l'aide divine, dans la mesure du possible, le salut des âmes, à tous et à chacun des princes chrétiens, revêtus de n'importe quelle dignité, aussi bien ecclésiastiques que profane, même impériale ou royale, quels que soient leurs titres et quelles que soient la communauté ou la république auxquelles ils appartiennent, Nous défendons et interdisons, en vertu de la présente Constitution à jamais valable, sous peine d'excommunication et d'anathème encourus ipso-facto, de permettre qu'aient lieu dans leurs provinces, cités, terres, châteaux forts et localités des spectacles de ce genre où l'on donne la chasse à des taureaux et à d'autres bêtes sauvages. Nous interdisons également aux soldats et aux autres personnes de se mesurer, à pied ou à cheval, dans ce genre de spectacle, avec les taureaux et les bêtes sauvages.

3- Si quelqu'un vient à y trouver la mort, que la sépulture ecclésiastique lui soit refusée.

4- Nous interdisons également sous peine d'excommunication aux clercs, aussi bien réguliers que séculiers, pourvus de bénéfices ecclésiastiques ou engagés dans les Ordres sacrés, d'assister à ces spectacle

5- Quant aux obligations, serments et voeux, sans exception, faits jusqu'à présent ou promis pour l'avenir par n'importe quelles personnes, par l'Université ou le Collège, concernant ces sortes de chasse de taureaux, même lorsqu'elles ont lieu, par suite d'une fausse piété, en l'honneur des saints ou à l'occasion d'une solennité ou fête ecclésiastique quelconque, qu'il faut au contraire honorer et célébrer par des louanges, des réjouissances spirituelles et des oeuvres pies et non par ce genre de spectacles, Nous les interdisons absolument, les cassons et les annulons et, suivant les cas, jugeons et proclamons à jamais qu'on doit les considérer comme sans effet et non avenus.

 6- Nous ordonnons à tous les princes, comtes et barons feudataires de la Sainte Eglise Romaine, sous peine de la privation de leurs fiefs qu'ils ont reçus de l'Eglise elle-même, et Nous exhortons dans le Seigneur les autres princes et seigneurs chrétiens et leur ordonnons en vertu de la sainte obéissance par respect et pour l'honneur du saint Nom de Dieu, d'observer strictement toutes les choses prescrites ci-dessus, en leur promettant une magnifique récompense de Dieu en retour d'une si bonne oeuvre.

 7- Nous ordonnons, en outre, à tous nos vénérables frères, patriarches, primats, archevêques et évêques, et aux autres ordinaires des lieux, en vertu de la sainte obéissance, sous peine de jugement divin et de la condamnation à l'éternelle malédiction, de publier suffisamment dans leurs villes et diocèses respectifs la présente lettre et de faire observer les dites prescriptions également sous les peines et censures ecclésiastiques.

BULLARIUM ROMANUM, Titre VII, page 630
(Texte reproduit d'après une traduction de.
"la documentation catholique" de 1935
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Remarque à propos de " l'invention "   de la Corrida :
         Tous les auteurs tenant à ce concept ne tiennent pas pour autant des propos erronés. En fait leur façon de voir est différente. Notez que l' Histoire présentée ici est plutôt celle des courses de taureaux considérées dans leur ensemble. C'est ainsi qu'Élisabeth Hardouin-Fugier, considérant plutôt la Corrida "moderne", situe l'invention de celle-ci  un peu avant 1750. Elle fait en effet une nette distinction entre ce qu'elle nomme "tauromachies royales" et les "corridas". Pour moi, il y a continuité et la corrida à l'espagnole est plus un modèle qu'une invention. Les deux sont des courses de taureaux et relèvent bien d'une seule et même forme de perversion  archaïque.
Telle que définie par Élisabeth, la particularité de la Corrida vient aussi de ce qu'il s'agit maintenant d'un commerce... Au fond et contre toutes apparences, nous somme d'accord ! (Retour au texte)

Remarque  concernant divers ages d'or:
         
Certains auteurs situent "l'age d'or" de la corrida à une époque plus ancienne. Il s'agit alors plus exactement du "premier age d'or". Vu de France celui-ci ne nous concernait pas.  Ces deux façon de voir sont aussi valables l'une que l'autre. (Retour au texte)